vendredi 10 mai 2013

Les Âmes Vagabondes VS Justin Bieber

Quand je suis entré dans la salle du multiplexe avec l'intention de regarder le film Les Âmes Vagabondes, je me suis retourné et j'ai jeté un œil sur le public qui était arrivé avant moi. Et là, horreur !


En fait non, ce n'était pas tout à fait ça. La salle était peuplée majoritairement de jeunes filles, adolescentes, étudiantes, un peu plus jolies que des Gremlins quand même. J'ai demandé à ma femme si elle voyait ce que je voyais, elle m'a répondu que oui. Et soudain un éclair de compréhension illumina nos regards croisés. Et oui ! Ce film est une adaptation du roman de Stephenie Meyer. Si vous ne connaissez pas Stephenie Meyer, elle a écrit un autre bouquin qui a bien marché et qui a lui aussi été adapté au cinéma.


Du coup, le public de jeunes filles, tout ça, rien de plus normal. Mais moi, qu'est-ce que je faisais là ? Pourquoi ne pas, tant qu'à faire, écouter du Justin Bieber ?


Maintenant que j'ai 1/regardé Les Âmes Vagabondes 2/écouté Justin Bieber, je peux procéder à une comparaison purement ... subjective
  • La musique
La bande musicale du film est discrète et subtile. Pas (trop) de tapage et surtout de l'ambiance. Sans être le chef d'oeuvre du millénaire, la musique sait rester à sa place et laisse l'importance aux images et à l'histoire. 

Dans le clip de Justin Bieber que je vous ai présenté précédemment, c'est pareil. La musique n'est pas le chef d'oeuvre du millénaire et elle laisse sa place aux images et à l'histoire. Sauf que ça ne devrait pas être le cas pour un clip musical.

Parlons maintenant du morceau de fin du film, joué par le groupe de rock alternatif Imagine Dragons



J'aime bien le morceau, il est sympa, avec des effets sonores qui sont raccord avec le thème de science fiction.

Dans le clip de Justin Bieber, c'est pareil. La voix de Justin Bieber est digne d'un film de science fiction.


J'ai cherché sur le net si Justin Bieber utilisait vraiment cette machine du Diable qui lisse les voix et qui s'appelle l'auto-tune. Je n'ai pas dit auto-thune (bien que de la thune, il y en ait), mais auto-tune. Je n'ai rien trouvé, sauf un milliard d'études et de démentis comme quoi Justin Bieber n'utiliserait pas cette machine, mais autre chose, alors ce n'est pas pareil... 

  • Les chiffres
Justin Bieber a vendu plus de 35 millions d'albums dans le monde. Soit plus que les victimes de la peste noire (25 millions).
Stephenie Meyer a vendu 220 000 livres, donc on pourrait être tenté de dire "petite joueuse". Oui mais,
de nos jours, le nombre de personnes qui lisent des livres est beaucoup moins important que le nombre de personnes qui écoutent de la musique. Je me permets d'ajouter les 5 millions d'entrée environ au cinéma (c'est une estimation car le box office américain compte en dollar et pas en nombre d'entrées, In God They Trust).

Bon là, on pourrait dire que Justin écrase Stephenie, mais c'est sans compter son sens de l'épargne, car si on regarde de plus près la fortune personnelle de l'un et de l'autre, la situation s'inverse :

Justin Bieber : 110 million dollar
Stephenie Meyer : 170 million dollar

  • Le côté "science fiction"
Nous sommes en présence d'aliens qui envahissent la Terre, donc c'est de la SF. Le film ne passe pas son temps à justifier son genre (suivez mon regard sur mon article précédent) ni d'explosions multiples et technicolor. Car tout se passe dans la tête, au propre comme au figuré. Les aliens sont mimi, on leur confierait ses enfants à garder (enfin les vôtres  pas les miens). Par rapport aux humains, on pourrait même qualifier ces aliens de "chiants". Je conseille d'ailleurs la lecture du livre éponyme (pas "chiants", mais 'Les Âmes Vagabondes") pour découvrir à quel point je ne voudrais pas déjeuner avec eux un dimanche midi. En revanche, je rêve carrément de faire mes courses dans leurs magasins.

La seule fantaisie que se permettent les troupes "de choc", ce sont des véhicules argentés, un peu comme s'ils s'étaient amusés à les recouvrir de papier alu. voici un exemple :


Ils sont-y pas mimi ces aliens tout propres parasitant les corps humains ? Si vous voulez savoir la marque de la bagnole, allez voir le film, et 10 secondes après le premier plan sur la caisse, vous la verrez en gros plan. Placement de produit oblige.

Justin Bieber a une voix d'alien (Cf. point précédent). Est-il chiant ? Je ne vais pas me dévouer jusqu'à déjeuner un dimanche midi avec lui. Et selon le MIB, il en serait un.


  • Les personnages
Stephenie Meyer a bien travaillé les personnages de son roman. Et comme elle a eu la chance de coproduire le film, le réalisateur ne s'est pas permis de les saboter. Voici d'abord mes préférés :

Melanie Stryder / Vagabonde (Saoirse Ronan) : Deux esprits dans un seul corps. L'esprit de Melanie est spectateur de ce que Vagabonde (alias Gaby) fait de son corps. Spectateur mais pas passif. L'esprit de Melanie est rebelle, combatif, sa personnalité de battante en fait une adversaire de taille pour Vagabonde. Ce conflit intérieur est un des ressorts majeurs de l'histoire, et représente l'Humanité en conflit contre les aliens. L'occasion de traiter des situations cocasses dont le film, presque aussi bien que le livre, couvre un bonne partie : la revendication du corps, les sentiments, les pulsions, les souvenirs, les liens qui se tissent, l'expression de l'identité de chacune. L'actrice sert bien le(s) personnage(s), et aide à le(s) rendre attachant(s).


Jebediah Stryder (William Hurt) : doublé par la voix française du Docteur House Féodor Atkine, voix que j'adore et qui sublime les personnages qu'il double. Jeb, c'est le chef du bastion de résistance où les humains se cachent et réussissent à survivre. Le patriarche sévère mais juste, mais pas si sévère, intelligent, ouvert, humain. Le petit grain de folie qui en fait à la fois un dictateur et un gamin. Le type qui me rappelle mon pépé que j'adorais. 


La traqueuse (Diane Kruger) : L'adversaire de Melanie et de Gaby. C'est une alien très zélée dans l'élimination de la résistance humaine. Elle est prête à tout pour mener à bien sa mission, quitte a avoir un comportement très "humain", dans le sens impulsif, violent, borné. Même ses potes aliens la regardent de travers. Mais bon, elle a la classe dans sa bagnole, ou dans son hélico en papier alu. C'est un personnage intéressant. Pas l'archétype de la méchante, elle aurait maximum 5/10 sur l'échelle de Maléfique (la plus formidable des méchantes qui ait jamais existé), mais elle donne suffisamment de fil à retordre à l’héroïne pour la mettre en valeur. Et c'est tout ce que j'attendais d'elle.
Les autres : des personnages secondaires qui jouent leur rôle au bon moment. Pas de faux pas, sauf peut être la scène du camion transformé en centrifugeuse...

Reparlons maintenant de Justin Bieber. Le personnage qu'il joue depuis cinq ans, d'idole des jeunes filles, m'intéresse peu. Il est fort probable qu'il doive bientôt s'inventer un autre personnage pour durer, peut être que ce personnage là sera plus intéressant.
  • Le scénario 
Quand on part d'un bon bouquin, on a une chance d'avoir un bon scénario. Le compte y est. L'histoire est bien menée, bien équilibrée. Je suis juste déçu de ne pas avoir retrouvé la référence à "la petite maison dans la prairie" qui m'avait fait hurler de rire dans le bouquin, mais bon, j'admets que c'était difficile à placer dans le film. Je me suis laissé prendre à l'histoire, et pourtant je la connaissais.

Justin Bieber. Finalement, non.
  • Bilan
Le film a une musique discrète et des chansons avec des voix d'Alien / Bieber aussi (1/-2)
Le film est une machine à thune / Bieber aussi (1/1)
Le côté SF est bien traité avec des aliens chiants : Bieber est aussi un alien (1/1)
Les personnages du film m'intéressent / Bieber non (1/0)
Le scénario est bon / ... (1/...)

Les Âmes Vagabondes 5 / Justin Bieber 0

Conclusion : Allez voir le livre et lisez le film (et réciproquement). Ecoutez ou pas Justin Bieber.

jeudi 2 mai 2013

Oblivion vaut-il un pet de lapin ? (en quatre points)

Cet article donne un point de vue subjectif sur Oblivion, un film américain de Joseph Kosinski.

La question "Oblivion vaut-il un pet de lapin ?" s'est posée lorsque ma femme et moi sommes sortis du Gaumont Saint-Serge ce mardi 30 mai à une heure moins le quart du matin et que nous avons assisté impuissants au départ du dernier tram de la nuit qui nous aurait permis de rejoindre nos pénates sans effort. Nous avons donc eu tout le temps d'en parler en rentrant à pied à la maison.

"Ce film ne vaut pas un pet de lapin.", m'a-t-elle dit. Défi relevé. Avec la complicité de Caramel, le lapin scolaire hébergé par nos meilleurs amis, j'ai pu me faire une idée. Mais revenons au film.
  • La musique
Dans les plats cuisinés que l'on achète en supermarché et dont parfois on nous trompe sur la nature de l'animal qu'ils recèlent, le sel sert à donner du goût à des préparations qui en ont peu. Le même sel qui sert aux grands chefs à sublimer les sensations subtiles provoquées par leurs plats équilibrés. Les plats cuisinés sont parfois associés à certains de ces grands chefs pour prolonger l'illusion. 

Et bien au cinéma la musique c'est pareil. Cela ne me pose pas de problème que la musique ressemble à celles de grands films (comme Inception et Cloud Atlas), mais l'effet est plus proche du rejet dû à un excès de sel qu'à une extase. Si je rajoute les explosions outrancières et les gazoullis des drones...
  • Les décors
On va jouer à un petit jeu : combien de décors du films ne se trouvent pas dans la bande annonce ? Moi j'ai compté (de mémoire) : 3 (sur 20 environ). J'appelle ça l'effet "La Tour Montparnasse Infernale" ou tous les bons gags du films étaient concentrés dans la bande annonce pour donner l'impression de profusion. Là, tous les décors sont collés les uns aux autres pour donner une impression d'immensité, de foison de décors.



Et bien moi je me suis senti à l'étroit dans ce film. Une histoire à portée planétaire devrait le montrer, et Oblivion ne le montre pas. On passe de la cage à lapins ultramoderne où le couple d'humains réside à quelques cartes postales américaines post-apocalyptique (un peu plus et je pouvais lire dans la bibliothèque  : "Le jour d'après was here", sur la statue de la Liberté : "La planète des singes was here", dans la cabane : "La petite maison dans la prairie was here" ...). On n'en voit qu'une petite zone du monde. Il paraît que le reste est radioactif, mais c'est un prétexte pour nous obliger à nous satisfaire de peu. Très peu.
  • Les personnages
Commençons par mes deux personnages préférés :

Victoria (Andrea Riseborough) : la "copilote" de Jack Harper (Tom Cruise) qui reste devant une table de contrôle pour guider Jack Harper, le soutenir pendant les missions "dangereuses", le couvrir dans ses "incartades" et accessoirement de relâcher la tension sexuelle du mâle alpha suscitée par ces missions "dangereuses".
J'ai trouvé que son personnage était le plus abouti du film. Une femme amoureuse, dévouée, avec de l'humour, fragile, déboussolée, jalouse. Dommage que son personnage soit secondaire.

Les drones : ce sont des robots de combat chargés de protéger des machines qui pompent l'eau de la Terre (ça me rappelle la série V) pour le salut de l'Humanité. Ce sont des grosses boules de technologie, toutes mimi, avec une façon bien à elles de désintégrer les chacals (ou chacaux ?) après avoir émis un petit gazouillis de bébé digitalisé. Et c'est ça que ces boules d'amour représentent pour moi : des bébés. Ils aiment leur nounou (Jack Harper alias Tom Cruise) et ne lui feront jamais de mal, ou si peu.  Ils obéissent à leur maman (la dame dans l'écran de contrôle) et se font harceler par ces vilains chacals. Ils ne sont pas méchants, ils ne font que suivre les ordres. Mon plus grand regret est que la relation entre Jack Harper et ces adorables bébés n'ait pas été développée. Un peu comme Sigourney Weaver dans Alien 3 qui caresse son petit alien qui sort de   
                          son ventre.

Passons maintenant à ceux que j'ai le moins aimé :


Jack Harper (Tom Cruise) : Cet homme n'a pas de passé (au mieux des souvenirs dont le montage fait moins de 15 minutes). Il fait la même chose tous les jours à savoir faire un looping à la Top Gun à bord de son hélicoptère du futur, regarder le paysage de carte postale cité précédemment, faire cuire un ou deux chacals et réparer le gentil drone... et niquer sa coéquipière. Et puis un jour son ex refait surface et fout le bordel dans sa vie. Dit comme ça, j'ai l'impression que Jack Harper s'est trompé de film. Non mais en fait on apprend que ce petit coquin ne nous a pas tout dit, et qu'il ne nous a pas attendu pour faire des choses intéressantes. C'est Morgan Freeman qui crache le morceau. Lui (enfin son personnage) a vu des trucs que moi, spectateur, je n'ai pas eu le droit de voir : "qu'est ce qui distingue Jack Harper de n'importe quel Quidam ?" et "Qu'est-ce qui en fait l'espoir de l'Humanité ?". Au bout du compte, je trouve que pour un héros, il s’assoit un peu vite sur sa responsabilité dans TOUT CE BORDEL. Il ne se remet même pas en question, alors qu'il pourrait. Notamment, il n'a aucun conflit intérieur dû à sa situation "singulière".
Passons au "fond" du personnage : C'est l'archétype du demi-dieu cher à ce vieux drogué d'auteur SF qu'était Ron Hubbard (fondateur de la scientologie), archétype pour lequel je ne peux pas éprouver de compassion, puisqu'il est le plus beau, le plus fort, que personne ne peut le toucher (ce n'étaient pas les cicatrices bidon sur le visage qui pouvaient faire illusion), même pas émotionnellement (ce n'était pas l'évocation d'une scène de copulation qui pouvait faire illusion). J'ai cru un moment que Jack Harper était parti pour jouer le énième héros qui se sacrifie pour sa cause, à grand renfort de références à des tragédies classiques. Et là, au pire, j'aurais conclu à un personnage bâclé. Mais ce à quoi j'ai assisté à la fin, c'est du sabotage. Même le sacrifice, ils ont réussi à le rater. J'ai eu plus de bonheur à voir les Humains gagner dans Independance Day, et pourtant c'était cliché.

? (je ne dis pas son nom sinon ce serait spoiler) : le méchant. Ben le méchant, je ne le trouve pas si méchant. Il représente l'archétype du prédateur, l'animal qui a besoin de manger d'autres animaux pour survivre, comme le loup ou le lion. Est-ce qu'un loup est méchant ? Ce sujet intéresse mes bambins, mais de mon point de vue c'est plié depuis longtemps :  un loup n'est pas méchant, c'est un loup, c'est tout. Alors comme c'est un loup de SF, il prend une forme technologique, une froideur mécanique, mais ça reste un loup. Il est rusé pour chasser ses proies, parce que c'est son instinct, mais en dehors de ça il est très naïf (très très naïf). Il n'y comprend rien aux humains (il en a fréquenté très peu finalement), et j'aurais bien aimé lui expliquer deux trois trucs avant la fin du film et ça se serait terminé différemment. Enfin bref, ? est assez plat (au figuré, parce qu'au propre, ? n'est pas plat). Et comme la valeur d'un homme se mesure à celle de ses ennemis, on en revient à la même chose : Jack Harper est plat lui aussi.

Les chacals : Ils sont sales, sans envergure, qu'on aurait dit sortis de n'importe quel film post apocalyptique. Leur costume n'est fait que pour berner le spectateur, c'est du grand n'importe quoi. Leur chef n'a aucune ambition, aucune rancune (et pourtant il pourrait). Après tant d'années il ne sait même pas protéger les siens. Au mieux c'est une guest star qui apporte du bankable au film.

Les chacals ne méritent pas plus que le sort que leur réservent mes amis les drones. A bas les chacals, vive les drones.  


Les autres personnages : Ah bon, il y en a d'autres ? Ne me dites pas que la figurante que l'on voit dans la deuxième partie du film est un personnage.
  • Le scénario
Si vous avez vu Amélie Poulain, souvenez-vous quand Amélie fabrique une fausse lettre d'amour du mari défunt de sa concierge. Cela donne une histoire bancale reconstituée à partir de véritables lettres, et leur lecture par la concierge provoque une cacophonie que celle-ci ne remarque pas. Ben voilà que j'en pense de ce scénario. Une orgie de copier coller. Attention je ne parle pas de plagiats, mais de références, et il n'y a rien d'illégal à ça. Sauf que c'est dysharmonieux. 

  • Bilan
La musique m'a cassé les oreilles / Un pet de lapin ne fait pas de bruit 0/1
Je me suis sentit à l'étroit / Le lapin aussi est à l'étroit 0/0
Je n'ai pas aimé les personnages principaux / J'aime bien le lapin même quand il pète 0/1
Le scénario est dysharmonieux / Un pet de lapin ça pue 0/0

Oblivion 0 / Pet de lapin 2

Conclusion : Oblivion ne vaut pas un pet de lapin